La domination chinoise dans les métaux critiques

On a peur que Pékin attaque Taïwan. Mais Pékin contrôle déjà ce dont Taïwan a besoin.

Avant même la gravure des semi-conducteurs à l'aide de machines ASML, une autre guerre se joue... Dans les mines.

On vous explique ceci, dans votre allongé du jour.

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🤖 Un acteur dominant

Le parcours d'une puce commence dans le sol, avec l'extraction de matières premières essentielles comme le silicium, le cobalt, le tungstène ou les terres rares. Ces dernières forment un groupe de 17 métaux aux propriétés chimiques spécifiques. Elles sont cruciales pour de nombreuses technologies de pointe, y compris certains aimants, écrans et alliages utilisés en électronique.

Dans le domaine des semi-conducteurs, on retrouve par exemple des terres rares dans les équipements de production ou certains composants de lasers de lithographie, et d'autres éléments rares comme le gallium ou le germanium dans les puces elles-mêmes.

Or, la Chine joue un rôle dominant dans l'approvisionnement de ces matériaux: elle assure environ 60% de la production minière mondiale des terres rares, et près de 90% de leur raffinage !

Autrement dit, une grande partie des matériaux bruts nécessaires à l’industrie des puces high-tech est extraite et transformée en Chine, lui conférant un quasi-monopole sur ces ressources critiques.

♟️Échec et mat

Cette domination chinoise n’est pas sans conséquences. Elle crée une dépendance des autres nations vis-à-vis de la Chine, exposant la chaîne d’approvisionnement mondiale à des risques de choc d’offre (ruptures d’approvisionnement) ou de pressions sur les prix.

Pékin est consciente de ce levier stratégique et l’a déjà utilisé. Un cas emblématique remonte à 2010 : à la suite d’un incident diplomatique avec le Japon, la Chine a brusquement suspendu ses exportations de terres rares vers l'archipel, mettant ce dernier en difficulté compte tenu de son besoin vital de ces métaux pour son industrie technologique.

L’effet boomerang a poussé le Japon à investir massivement pour réduire sa dépendance (recherche de fournisseurs alternatifs, recyclage, etc. ), mais l’épisode a montré que les matières premières peuvent servir d’arme géopolitique.

Plus récemment, en 2023, la Chine a de nouveau exploité sa position en annonçant des contrôles d’exportation sur des éléments stratégiques comme le gallium et le germanium, deux métaux indispensables à certains semi-conducteurs hautes performances, officiellement pour des raisons de sécurité nationale.

Cette décision, perçue comme une riposte aux restrictions américaines sur les technologies de puces, dévoile la tension commerciale autour des ressources critiques.

Sachant que la Chine concentrait en 2022 environ 98% de la production de gallium brut dans le monde, de telles restrictions ont un impact immédiat : les prix du gallium ont ainsi plus que doublé après l’annonce de Pékin.

En réponse, les autres puissances tentent de sécuriser leurs approvisionnements via des stratégies de diversification (accords avec d’autres pays miniers, développement du recyclage, projets de mines hors de Chine) et de «friend-shoring» (rapatriement de certaines activités dans des pays alliés).

Malgré tout, à court terme, la Chine demeure l’acteur incontournable pour ces matières premières sans lesquelles aucune puce n’est fabriquée.